3) La douce Vendredi

Publié le par tomas Pierre

Chant Premier

" La douce Vendredi "

Tout commence dans un rêve, reflet de l’inconscience. L’enfant se trouve dans la Mosquée de Cordoue, où l’archange Gabriel l’interpelle, sous les traits d’un papillon.

Le soleil scintillait sur le Guadalquivir,
Répondant au Salât de l’argenté Takbir,
Tels les flancs écumeux de l’imposant taureau
Qui, brisé par l’effort, soupire en son repos.
Le jeune ben Adam, dressé sur son séant
Dans le patio de Sahm, en bon et pieux orant
Qui ne s’égare pas, répond aux cinq fontaines
Par la mère du livre. Incline sa misaine
Une première fois, et plonge, orbe fermé,
Jusqu’à sentir le sol sous son front respirer
Toute l’incantation au miséricordieux,
Telle une âme assoiffée que l’on prend pour aïeux.
L’office terminé notre jeune érudit
S’adonne alors au zikr, prélude au double cri
Extatique soufi. Puis, les larmes coulant
Sur sa joue amoureuse, il parle au firmament,
D’un ton révérencieux, comme l’eut fait Farhâd
A la reine Chîvin, devant le grand Bagdad:
«  Comblés sont les croyants écartés du verbiage,
Emplis d’humilité, témoignant de l’adage:
Par le nom de Celui, le tout miséricorde,
Le miséricordieux ! Dans la nuit de discorde
Et le jour éclatant se gonfle ta poitrine,
Au passage de Dieu, jusqu’à l’aube divine !
Car trouvé orphelin, Amour Il te guida !
Car trouvé dans l’errance, Amour Il t’abrita !
Ainsi à l’orphelin ne fais jamais violence !
Ainsi que ne repousse et mendiants dans l’errance
Et l’homme sans maison; mais tel qu’Il fut pour toi
Chante l’allégeance jusqu’au faîte du toit. »
Sitôt larme asséchée sur son front pointé haut,
De l’orangé tout près Parnassuis Appolo
Descendit le rejoindre en caressant l’éther
De ses écailles d’or. De même qu’un éclair
Fait transpirer l’umbra en éveillant la nuit,
Un rai illumina la douce Vendredi,
Parti de l’animal sur l’épaule agrippé,
Jusqu’au Coran géant de rubis incrustés.
L’éponyme du dieu consacré à Délos,
Ami de Jésus-Christ et fils de Hyahinthos,
De sa voix claire et douce expliqua la vision:
«  Mon tendre ben Adam tu ne perds la raison !
Car c’est moi, Gabriel, qui sur ordre du père
Est venu te convier à mirer son mystère.
Longe la palmeraie suivant mon étendard,
Jusqu’au mihrab faussé à l’œil toujours hagard. »
A ces mots divulgués l’archange disparut,
Laissant seul ben Adam sur la voie de l’élu.
Du divin animal embaumant le chemin,
Des roses de Damas persistait le parfum.
Tout à coup la forêt à l’écorce marbrée,
Que le saint Ferdinand emprisonna, malgré
L’incidente lumière aux reflets tempérants,
S’anima - ô César ! - sous les pas conquérants
Du fidèle aveuglé. Les colonnes d’hier,
Aux chapiteaux bénis, de leurs dards entourèrent
Le doux chemin mielleux, tels les flots refoulés
Aux pieds Du patriarche. Ses visages baignés
Changèrent silhouette en forts et fiers atlantes;
Et leurs voix, par millier, célébrèrent l’entente,
Du creux de l’épopée, jusqu’au mihrab ultime.
Là, tel un aigle, Echos s’éleva sur les cimes
Et  rejoignit un corps au surplus vaporeux.
L’ensemble se fâcha, prenant a témoin D.ieu:

Anecdote sur Charles Quint fustigeant l’architecte en charge des travaux de transformation de la mosquée de Cordoue.

« Détruire la beauté ! Donner ce dont l’Espagne
En ses lieudits, hameaux, petit bourgs de montagne
Nous offrent de commun aux regards braqués haut,
Tandis qu’aux noirs sentiers seront pansés nos maux !
Et même si ces lieux, pour nos cœurs et pays,
Seront flèches lancées au joug de l’ennemi,
La quiétude enfantée par de grands géomètres
Avait su me charmer: ainsi qu’au plus que maître ! »
En un souffle vécu, de sous les trois corolles,
Le chef du saint-empire ou Roi des Espagnols.

Les volutes d’encens forment des géants; leurs mains indiquent une lumière divisée en trois rayons: Rouge, Vert, Bleu.

Apparurent alors, chacun sous un giron,
Les trois cœurs paternels, volant sur le perron.
Le jeune ben Adam contempla la vapeur
Safranée d’encensoir, admirant, du prieur
Aux innombrables vues, ces délicieux portraits
Aux  tailles de cyprès et aux corps de futaies.
Chacun pointa ses mains vers l’antre mystérieux,
D’où sortent trois faisceaux: principe lumineux.
La douce claire-voie scintillait sur son marbre,
Voyant s’évaporer, lentement, nos trois arbres.

// entre les scintillements des ondulations sur l’eau et la voix du porte-parole de D.ieu:
annonce du voyage; des rencontres; des sciences à étudier. Révélation de sa double identité ( Juive et Musulmane). Annonce d’une terrible catastrophe venue du ciel. Mise en garde.

De même qu’une pierre à l’étang endormi
Dessine des aèdes, penchés sur des houris,
Chevauchant vaguelette au tonus diminuant,
Jusqu’à venir former un enclos de diamants,
De même sous les raies apparut un soroush,
Qui, en esprit du lieu, dispensa de la souche
Une voix ondulante, à l’ordre du Monade:
« Mon enfant, viens à moi ! Toutes ces colonnades,
Attirées par mon choix, du futur sont images
Essoufflées par l’envie ! Car durant ton voyage
Aux charitables vœux, tu les rencontreras !
De la fleur de Cordoue aux plaines d’al-Khansâ,
Erudits égyptiens et penseurs hellénistes,
Grand Imam ‘ Samarra’ et savants altruistes,
Tous, de toi, par respect, garderont en mémoire,
Souvenir de ton verbe: universel savoir.
Ton genre et ton espèce, en glaneurs temporels,
Cueilleront sur ces mâts une grâce éternelle.
Ainsi, leur exégèse à l’éphod écarlate,
Au fin lin de violette, dessus ton tabernacle
Echaufferont ta foi. » A ce mot il se tût.
Mais l’incidente voix prolongea ses vertus.
La blancheur primitive, encerclée d’un cristal
O combien respectueux, colora ses annales
 En rouge charitable: « Au milieu du jardin
Où dansent les houris en chantant dans leur sein,
Près de la blanche rose Il te veux recevoir.
Car tu es, double fils, l’ultime et sage espoir
De la Sainte Isrël, nourricière au doux miel.
Le pays, dans mille ans, submergé par des ailes
O combien terrifiantes, aura, pour tout repos, (AR)
Ton exemple ébranlé, mêlé à l’eau des maux !
Alors elle comprendra la sombre conjecture,
Αριθμιοσ, que tu fis, tourné vers le futur
A la sainte unité. » A ce mot il se tut.
Mais l’incidente voix prolongea ses vertus.
L’écarlate auxiliaire échangea son alliance,
Tel un feu ténébreux, contre un vert espérance.
«  Bien avant que ton cœur pesé par Anubis,
Son dévoué serviteur, ne ressemble à un lys,
Le futur annoncé, par d’autres volontés,
Conduira ton vaisseau sur des récifs dorés.
Par ta force et Prudence et Juste Tempérance
Il faudra t’éloigner de la femme au cœur rance.
Car si dans son filet se fait prendre ton âme,
Chaque poil de ton corps deviendra une lame,
Terrifiante, acérée, dont l’appétit féroce
Engloutira ton nom, tel un hiver précoce ! »

Les colonnes retournent à leur place. Les calligraphies du mur se mettent à danser ; alors que l’enfant, léger, vole vers la source lumineuse. Le discourt devient plus obscure.

La forêt, à ces mots, tout de marbre vêtue,
Silencieuse et en ordre, et déjà  bien repue,
Rejoignit son logis aux communes paroles.
Alors, Arcatures aux syllabes d’oboles,
Tel un bouquet garni éclipsant les pléiades,
Vibrèrent à l’envie, en l’honneur des Naïades,
Qui, des voûtes musquées, monolithe affairé,
Vers le pupitre en bois rejoignirent l’aînée.
De la terre envolé le jeune ben Adam
S’approcha, bel enfant, de l’éternel Mihrab.
Ses lèvres de corail gonflèrent sous l’envie
De venir s’enflammer au buisson converti,
Tandis que la vision - ô ! diamant éternel -
Recouvrait sa blancheur et ses paroles belles :
«  Descendant de l’arctique appelé boréen,
A son frère, Apollon vient reprendre l’airain
De son temple agricole au surplus évanoui.
C’est alors que Péan, de sa voix éclaircie
Par le jeûne expirant, annonce l’Akitou
Aux animaux, aux peuples, à Gaïa et Anou.
Puis de son île arrive en beauté, éclatante,
La divine Ourania, juge de toute entente.
Sitôt que par son pied la terre est effleurée,
Les nards, de l’échine à la peau boursouflée,
Retrouvent leurs vertus pour former un chemin,
Régulier et paisible, aux heureux lendemains.
Alors Elethyie, du milieu de ce monde,
Guide nos pas joyeux jusqu’aux terres fécondes.
Là, en vieille femme penchée sur son labeur,
De sa main enrobée elle annonce les heures,
Sans jamais coup faillir ; et de votre jeunesse
Elle écoute sans bruit ni crainte ou sécheresse,
Le murmure enfantin de vos lèvres vermeilles :
Comme l’eut fait d’Ulysse Euryclée, tout pareil.
Et quand la nuit s’étend sur vos épaules d’ange,
Engendrant sa tribu sans même de mélange,
Vos humeurs elle écoute et vos envies d’enfant,
Afin de conseiller par ses mots tout charmants,
Votre insouciante ardeur, au goût d’acerbe fruit,
Qui sans elle, et vers Kèr vous pousse en ennemi. »

La voix annonce l’arrivée du prophète, au sein de la société aveuglée, qui a pour tâche de faire germer l’Idée du " Messie " ( prise de conscience collective face aux dérèglements humains ) puis les chiffres, par deux fois,  disent qu’il faut partir et pour combien de temps.

Tandis que Vendredi répétait ces paroles
En son sein flamboyant, les naïades - corolles
Brillantes, parfumées - entourèrent, l’instant,
Le pieux esprit naissant. Ecoutons maintenant
La rosé du matin qui des trois cordelettes
Etirées du Tsitsit, vient verser un précepte
- Une règle, une loi - édicté par vingt-six,
En ce tout premier jour, juste avant l’horreur Styx:
«  Noble teint de violette échappé du bel âge,
Lentement se terni au regard de l’ouvrage.
L’œil humain, en maître, guide ses espérances
A travers sa moisson, jusqu’à la noire engeance,
Sans jamais grande ouvrir la caverne éphémère
Où la Thiase s'endort  allongée devant Kère.
Heureusement, pour eux, par ma clémence d’or,
A chaque nouveau cycle arrive un doux Centaure
A l’échine inhumaine, au regard de Nabush,
Qui du fruit décrié vient planter devant Kush*
Un jardin éponyme, arrosé par Pishôn
Et l’Euphrate et le Tigre et le second Gihôn. »
La naïade orientale à ses sœurs empruntée,
Doucement s’évapore, ô volute argenté,
En un doux sifflement de joie virevoltante,
Révélant, sans tromper, sa passion de l’amante:
«  A shmona’ asara, ainsi, jeune anashym,
Dépassé premier cycle et doublant le shnaïm,
Durant shloshym vé-shesh, en divin massorète,
Tu comptera teishah, comme eut fait le poête. »
Nos charmantes hiérodules, ô kâhins διαϕανησ,
Couvrirent leurs envies qui rougeoyaient la pièce,
De peur de l’anathème, amoureux trente et un,
Qui aurait assombri le vestige très saint.
Mais de nouveau Bétyle en doux père gracieux,
Du shéol alourdi fit renaître les vœux.

La voix expose des liaisons entre la philosophie grecque et la mystique, ainsi que quelques Idées.

Alors sombre lito - ô douce amie votive !-
Par son timbre espérance illumina Ninive
Aux dix mille mystères: « Au bord de l’Ilissos,
A l’ombre d’un platane et du retors Chronos,
Après un lourd banquet aux criards invités,
Une palinodie j’offris à l’initié.
Car dans son exposé, bien triste thaumaturge,
Il oublia l’enfant, seul aimé du démiurge.
Alors sa poésie nécessaire et ludique,
Détacha ses visions du joug des rhétoriques,
Et d’un élan goûté, tel un char en parade,
Illumina son âme au son de la triade.
Escaladant la sphère abordable, amoureuse,
Il vit l’essence, enfin, divine et vaporeuse,
De mon bon Séraphin, en parèdre assis-là.
Mais l’imagination, vaste orage ici-bas,
Reprit soudain le mors, effrayée par l’éclair
De cette âme brûlante: pour s’enfuir de l’éther.
Alors, par la croyance émanant de l’Egypte,
Gardant l’influence de l’hémi-troglodite
- Fils aîné des Codrus, dédaigneux sibyllin -
Dans sa flamme il mira les contraires divins.
Toujours en liberté à l’ombre du cristal,
Voici que l’étalon, conjonction zodiacale,
Vint effleurer Gaïa, dessus l’école ionienne,
En naïf précurseur de la vaste dorienne;
Puis du cénacle d’or d’esprit sublime emplis,
Par la chaîne d’airain, dynamique bénie,
Fit raisonner l’hybris sous les coups de son maître,
Faisant oeuvre unitaire, achevant le paraître.
Toi, alors, lente flèche immobile et mouvante,
Par le son du silence, unie et odorante,
Du chemin primordial tu révéla la borne:
Après la tromperie du rampant Epigone. »
La naïade centrale amoindrie, étourdie,
Fit glisser ses élytres - charmant spectacle - et prit,
Bel insecte éphémère, un envol tempéré
Par le maître d’Haram, souriant justicier.
La poliade des eaux tourbillonna sans fin
Dans l’antre consacrée; se fraya un chemin
Dans le pertuis ourlé de la voûte médiane,
D’où un rai l’attirait: noble frère de Diane.
Tandis que le dévot du lampyre admirait
Les nageoires ourlées, que sa robe faisait
Sous l’éclat safrané de l’Orbe de la joie,
Le lapis, pieux pendant, de justice prit voix.
Le signal d’outre-mer par son timbre azuré,
Suffit à rappeler le papillon bleuté
De sous la vaste sphère:  « Ainsi donc, Massorète,
Grâce au noos énoncé, un jardin de fleurettes,
Au Γλυκυσ* hyménée, renaîtra dans mille ans
Sur la pointe émoussée du fertile croissant.
Alors les enfants sages à la barbe fleurie,
Infiniment rapide, ô tourbillon de vie,
Tel le cercle initial jusqu’au très grand faghfour,
Proclameront l’idée de l’union pour toujours,
Sans que le pieux atome averti par l’image,
Ne s’enfuit de la ronde au désert: vain mirage ! »

Concécration du « Double enfant du Pardon »; Le vin et le secret son versé dans sa bouche. A l’appel du shoffar, le monde entier entre progressivement dans la ronde

La naïade occitane enivrant le sâqi
Espiègle et bouillonnant, vint offrir le Talith
Au jeune homme éthéré: l’échanson du futur.
Dès lors le défilé, procession sans rupture
Aux sons des litanies à l’élu apporta
Les consacrées Tsitsit, puis au front le baisa,
Avant que la troisième, en véritable amante,
Des Téfilins couvrit la belle âme puissante.
Les taraz rejoignirent, aimable procession, (AR )
L’épithète Elyon ou bien mieux: l’échanson.
Car alors guevurah, somme innée - deux cent seize -
Fit résonner son trône en aryeh - deux cent seize -
Et par soixante-dix, liquide charitable,
Donna soixante-dix à l’enfant tant aimable.
La coupole argentée  vers Hélios s’envola,
Tel un songe égaillé au réveil du Chéma.
Et dans son ascension écartant brume épaisse,
Elle inspira les Neufs revenues du Pernesse,
Si bien que des trois saintes était fait un beau score.
Mais la poussière d’ange émue par Terpsichore,
Qui déjà entraînait la ronde ecclésiastique,
Eveilla les Grâces d’un sourire édénique,
Qui se joignirent vite aux compagnes d’Eros:
Lui aussi attiré, mais par la belle Eos.
Dans cet antre animé par naissante Hèmérè,
Où le pieux kabbaliste avec émoi dansait
Devant l’arche et David, le lumineux survint,
De son char descendu, portant cithare en main.

Le rythme s’accélère, et Dionysos accours: on se retrouve à l’instant de la création.

Alors la Mélodieuse avivée par le jeu
Accéléra son hymne en  piquant «  demi-dieu »
De suivre la parade: ce qu’il fit avec joie.
Et tandis que la thiase en l’honneur du Fatah,
Par la justice aimé dévoilait les mystères,
Faisant naître makros et mikros de la pierre,
O béni tourbillon où se mêle le feu
A l’eau, la terre au ciel, l’humanité aux dieux,
Et les astres fougueux à la poussière échue,
Et le cosmos âgé à l’embryon féru,
De sa vigne accouru l’être Ταυρο−Κερωσ,
Suivit, comme il se doit, de satire en κωμοσ,
Joueurs exubérants aux tympanons lascifs,
Ainsi que des silènes: oh ! βακχοσ excessifs.
Alors l’ordre établi du contraire animés,
Par le sauvage accent de la bête enivrée,
Telle feuille automnale transportée en criant,
Retrouva, dans Chaos, le brouillard rémanent.
L’infernal tourbillon s’alimentait sans cesse
A la source arrimée; et par force et vitesse,
Arracha l’ombre encrée à ces corps pitoyables,
Réduisant devenir en image effroyable.
Tandis que l’âme élue sous son visage oval
Perdait de sa grandeur dans un fluide « occipal »,
Et que le riche en hôtes abaissait sa clôture
Qui jamais fut trompée, la pierre, ô tendre augure,
Du giron s’envola vers cet oeil cyclonal.
Stoppée à mi-hauteur, ô vertus cardinales,
De ce tube ardoisé, une dextre pointée
Sortie du monolithe, ô bourgeon printanier,
Et sa course irréelle effleura le Typhon
A ses lèvres et joues, puis ses yeux et son front,
Sans même que la droite amoindri par son poids,
Ne subisse l’effort des tranchantes parois.
Dans la sombre atmosphère enivrée des contacts,
En un flot lumineux vint se mélanger l’acte,
Nécessaire, hasardeux, et de la loi ancienne,
Chassant le grand serpent à l’accent plein de haine,
A l’humeur fracassante, il fit naître en ses vœux
Le silence et bon ordre et les cycles joyeux.
Tandis que les déesses, Erato et ses sœurs,
Sur l’écharpe d’Iris rejoignaient leur demeure,
Et que les musiciens tout penauds et honteux
Partaient sur la monture à l’aspect cotonneux,
La triade écarlate - servantes éblouies -
De la coupole aimée le mehrabe couvrit.
Dès lors l’obscurité, épouse silencieuse,
Sous son manteau nacré conduisit les rieuses.
Car le puissant Tawab, de part sa bienveillance,
Voulait que ses enfants reconnaissent Prudence.
Alors que ben Adam recouvrait ses vertus,
Tel un homme émergeant après avoir trop bu,
Une abeille - sainte Seize ! - sur le trajet nocturne
Eveilla, sous son dard, les explications diurnes.

Le réveille


Dans Cordoue animée les ruelles dansaient,
Et grâce en fut donnée par les fleurs, les volets,
Les robes et chignons, attachés et dansant,
Virevoltant, s’ouvrant, comme on est au printemps.
Le doux cœur de la ville embaumait, ô ! parfum,
Le sublime nectar que l’on mêle au jasmin;
Et de l’arbre encor noir timidement sortait
Un bourgeon éclaireur, sous le courant des rais
Qui, au regard du froid, fontaine imaginaire,
S’écoulait sur Gaïa au sortir de l’éther.
De son antre fumant, le dos tremblant encor,
Un rongeurs minuscule à l’esprit moins retors,
S’essayait à sortir de son douillet terrier,
Pour y rentrer sitôt. Car déjà, bien luné,
El gato attendait sagement son festin,
Dissimulé au creux d’un panier: souverain.
Du spectacle au dessus quelques coudées plus haut,
Penché à sa fenêtre  ô gentil passereau,
Le jeune ben Adam, l’esprit encor voilé,
Mirait un ciel naissant aux reflets safranés,
Essayant d’y trouver, en égaré pilote,
Un signe, un étendard, un guide pour sa flotte.
Car, tel un  amoureux éperdu dans son trouble,
Son regard incarné lui mâchurait son double.


Compléments de lecture


Salât:
terme technique musulman signifiant Prière

Takbir:
(lit. « Glorification, action de magnifier ») Prière courte et fervente, pour le croyant musulman dans l’action, le Takbir sert de début à chaque geste, dans l’office religieux. 

" Parnassuis appolo " :
Papillon des régions méditerranéennes, aux ailles dorées. 

Mihrab:
Niche pratiquée dans la muraille d’une Mosquée et orientée vers la Mecque.
=> « Jusqu’au mihrab faussé à l’œil toujours hagard. »:
      Le mihrab de la mosquée de Cordoue n’indiquait pas l’est. 

" Détruire la beauté...  Ainsi qu’au plus que maître " :
Anecdote sur Charles Quint faisant part à son architecte de son mécontentement, face au résultat de ses transformations apportées à la mosquée de Cordoue

Aède:
Poète épique et récitant, en Grèce primitive. Homère fut le plus grand et le dernier aède.

Houris:
Vierge du paradis de l’Islam. 

Soroush:
Un ange.

Monade:
Synonyme de D.ieu


« Rouge charitable... vert espérance » :
 Les trois vertus théologales et leur couleur : le blanc = la foi.

" Αριθμιοσ " :
Arithmétique, donc: prophéties dites sous le couvers des chiffre (ou guématria

Annubis:
Divinité du panthéon égyptien, en charge de peser l’âme du défunt, les bonnes actions et les mauvaises, afin de l’orienter . 

Akitou:
Nouvel An babylonien qui correspond au retour du printemps. Marquait l’union fécondant de Mardouk et d’une divinité infernale.

Anou:
dieu sumérien du ciel.

Ourania:
Déesse céleste // Aphrodite
Elethyie:

Euryclée:
Servante agée qui reconnue son maître, Ulysse, déguisé sous un habit de quémandeur (Odyssé, chant XIX, 357 et suiv.)

«  La rosée du matin... »
En hébreux TaL ( de valeur numérique 39: Thet 9; Lamed 30 // « Adonaï Ekhad » de valeur 39, signifiant «  D.ieu est unique », de même que chaque homme est unique.
donc « La rosée du matin » n’est autre que D.ieu.

« ... qui d’arba cordelettes / Etirées du Tsitsit... »
Franges de prière attachées aux 4 coins du Talit, toujours noués avec un total de 26 noeuds (trad. Séfarad) et 39 (trad. Ashkénaz). Mais sur les quatre une est normalement de couleur  azurée. Mais comme la composition de la teinture fut perdue, elle est blanche comme les autres.

« ...édicté par 26 »:
26 valeur numérique ( en guématria ) du tétragramme ou nom de D.ieu ( Yod, Ké, Vav, Ké: 10+5+6+5=26 )

Styx :
Fleuve de l’enfer ou de la Geheme

Kère: 
Mot grec, « la mort »

Kush:
(Génèse, II,13

Pishôn:
L’un des quatre fleuves formés de celui sortant d’Eden (Génèse, II,11

Gihôn:
L’un des quatre fleuves formés de celui sortant d’Eden (Génèse, II,13)
Il entoure le pays de Kush

« A chmona esre (18 -ans-)... jeune anashym ( " garçons ", car double enfant du pardon)... Shnaïm (2ème)...chloshim véchech (36 -ans )

Massorète:
De Massora, « Tradition ». Par ext., groupe d’érudits de Tibériade ( utilisé ici comme synonyme de « Savants »

Teicha:
 
Chiffre 9 en hébreu.

Haram:
Espace sacré dans le lieu " saint "
à ciel ouvert ( court du temple de Jérusalem .

Poliade:
de Πολιοσ: « Gris », en parlant de cheveux qui commencent à blanchir; par ext. Divinité ancienne ( Grèce Antique) protégeant une cité.

lampyre:
Insecte coléoptère dont la femelle est le vers luisant.

Νοοσ ( se lit « nousse » ):
Faculté de penser , d’où: intelligence, esprit, pensée.

  Γλυκυσ ( se lit « glucus » ):
Doux, de saveur douce. fig. agréable, charmant, délicieux.

Faghfour:
Titre du souverain chinois ( empereur) pour les persans

Sâqi:
// Echanson; (en Perse) celui qui sert le vin aux invités

Talith:
Châle de prière rectangulaire porté par un homme à divers occasions. Cet usage est prescrit par le TaNaKh (Ancien testament) : Nombre XV, 37-41. Deut. XXII 12. A l’époque du temple les hommes en étaient revêtu constamment.

Echanson:
(en Grèce) celui qui sert le vin aux invités.

Téfélin:
"Capsules " de cuir posée sur la  fontanelle et liée autour du crâne, ainsi qu’une autre au bras gauche : elle sont fixées par des lanières de cuir noir. Elles sont posées à l’office du matin, en semaine. (cf. Exode VIII, 9,16; Deut. VI, 8 et XI, 18)

Taraz (Arabe):
Femme très belle

Elyon (Hébr.):
Epithète de D.ieu, signifiant « Le Très Haut »

Guevurah (Hébr.) :
Puissant

Aryeh (Hébr.):
Lion

Chéma:
Premier mot et nom de la « Profession de foi » du judaïsme. Il comprend trois parties : Deut. VI, 4-9; XI, 13-21. Nomb. XV, 37-41.

Pernesse:
Lieu, en Grèce, où habitent les Muses.

Hèmérè:
Mot d’origine grec : « jour »

Thiase ( grec):
Groupe de gens ou confrérie célébrant des rites en l’honneur d’un d.ieu.

« ... l’être Ταυρο−Κερωσ...:
Synonyme de Dionysos.

« ... de satire en κωμοσ. »
 Satire en parade

Tympanon:
n.m. (gr. τυμπανον).
Instrument de musique composé de cordes tendues sur une caisse trapézoïdale, dont on joue en frappant sur les cordes avec deux petits maillets.

Silènes:
n.m. Plante herbacée, à variétés ornementales

Βακχοσ:
Prêtre de Bacchus ( // Dionysos), bacchant; en gén., homme animé d’un transport ( de délire, d’ivresse).

Occipal :
Néologisme, abréviation de Occipital, os qui forme la partie inférieure et supérieure du crâne.

«  ... le riche en hôtes ... »:
" Ades ", dieu grecque des enfers.

« ... Erato et ses sœurs ... »:
Muse qui présidait à la poésie lyrique.

« ...l’écharpe d’Iris ... » :
Synonyme d’arc-en-ciel.


Publié dans societe613

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